Questions fréquentes

Quand on débute l'activité d’éleveur de brebis et encore plus avec la volonté de maîtriser l'herbe autrement au milieu de plantation (verger, sapinière, etc), de nombreuses questions se posent à nous. C'est une pratique encore méconnue, peu de personnes peuvent nous faire partager leurs expériences. Au sein de notre association, nous avons des éleveurs qui utilisent des brebis Shropshire depuis de nombreuses années.  Ici, nous répondrons aux questions les plus fréquentes posées par des personnes intéressées par l'élevage de moutons Shropshire ou qui débutent avec cette race bien spécifique. Les témoignages proviennent d'éleveurs confirmés. En adhérant à l'association, vous pourrez apporter votre pierre à l'édifice et accédez aux connaissances de plusieurs éleveurs qui utilisent la brebis Shropshire dans leurs plantations.

1) Combien de brebis shropshire dois je utiliser par hectare dans mes plantations (sapin ou verger) ?

Cela dépend essentiellement du type de pâturage que vous souhaitez réaliser au sein de vos plantations.

Il existe plusieurs méthodes pour contrôler l'herbe dans les plantations. Chaque méthode présente ses avantages et ses inconvénients. Voici quelques exemples de ce qu'utilise les éleveurs de l'association en ce moment :

  • Pâturage permanent avec un petit troupeau dans la même plantation tout au long de l’année
  • Rotation avec un troupeau plus grand et de courtes périodes de pâturage intensif dans plusieurs plantations (méthode dite du pâturage tournant )
  • Combinaison avec des brebis et des méthodes mécaniques
  • Utiliser un troupeau sans agneaux
  • Louer des pâturages
  • Louer des brebis pour pâturer dans les plantations

L’avantage du pâturage permanent est que les animaux ont l’habitude des plantations et de la végétation qui leur est offerte. Cependant, il est difficile pour un petit troupeau de garder le contrôle sur la végétation et observer la végétation dans les plantations prend beaucoup de temps.

La méthode préférée est la rotation. 4 à 5 fois plus de brebis sont utilisées dans ce système, plutôt que dans le pâturage permanent : la végétation est mangée avant de changer le troupeau vers une autre parcelle. Avec ce système, il est plus facile d’ajuster le pâturage tout au long de l’année ainsi que les variations dans la croissance de la végétation. Du point de vue des brebis, la végétation est plus fraîche et de meilleure qualité nutritive. Je veux insister sur le fait que cette méthode est celle à utiliser de préférence puisque c’est celle qui donne les meilleurs résultats pour la croissance des arbres et pour le bien-être des animaux.

Le désavantage de ce système est que posséder un plus large troupeau augmente les risques si quelque chose doit mal se passer et il devient plus difficile pour l’éleveur d’identifier la « brebis galeuse » (celle qui a mangé les bourgeons et les jeunes pousses).

Ces méthodes fonctionnent mieux quand seules les brebis sont utilisées. Comme les Shropshire agnellent tôt dans l’année, seules les brebis auront besoin de pâturer dans les sapins. Plus tard, les agnelles pourront être utilisées avec leurs mères, mais jamais les agneaux mâles.

En ce qui concerne les autres méthodes, cela dépend beaucoup de la taille de la plantation. Par exemple, il est plus facile pour un petit producteur de sapins de passer un contrat avec un éleveur local. Le propriétaire d’une plantation de taille moyenne pourrait avoir un troupeau à sa mesure. Celui qui a une grande plantation n’aura pas les ressources alimentaires pour avoir un troupeau assez grand et devra recourir à la location de pâturage.

Dans le cas d'un pâturage permanent avec un petit troupeau dans la même plantation tout au long de l’été il faut environ 4 à 6 brebis par hectares.

Dans le cas d'un pâturage tournant  il faut prévoir 12 à 15 brebis par hectares en fonction de la région où vous êtes et des conditions météorologique.

 

2) Dans quelle type de verger puis je utiliser les moutons shropshire pour désherber ?

Aujourd'hui, au sein de nos adhérents, nous avons des producteurs de  :

Pomme, poire, noix, noisette, prune.

Nous n'avons pas de retour dans d'autre type de vergers (abricot, cerise, pêche), mais elle est probablement utilisable dans n'importe quel verger tant que la table (hauteur au plus bas des branches de l’arbre) est suffisamment haute. En effet, les brebis vont consommer les feuilles et les bourgeons à leur hauteur, il est donc nécessaire de remonter la table. Toutefois une table remontée permet de faciliter la surveillance du troupeau.

La présence des moutons dans le verger à des moments clés de l’année permet d’avoir une action positive sur certaines maladies ou nuisibles. Lors de la chute des feuilles, le pâturage hivernal des vergers permet de favoriser la dégradation des feuilles grâce au piétinement des brebis. Il a été prouvé par l’institut de recherche Belge Gembloux qu’une dégradation complète des feuilles induit une disparition de la tavelure. Le champignon (Venturia inaequalis) responsable de la tavelure provoque une réduction de la photosynthèse, une perte précoce des feuilles et une chute des fleurs, ce qui se traduit par une perte de rendement. Les attaques sur fruits peuvent les rendre invendables.

Aucune recherche scientifique n’a été menée sur le sujet, mais il a été observé chez certains éleveurs que la présence des moutons a fortement réduit les attaques de Carpocapse (papillon) qui piquent les fruits, entraînant le pourrissement de ce dernier. Les brebis vont manger les pommes non récoltées, détruisant ainsi les maladies et les vers contenus sur ces pommes.

Les brebis profitent de la présence des arbres pour se frotter contre ceux-ci, lissant donc le tronc ce qui empêche à ces cochenilles de se développer sur les 60 premiers centimètres de l’arbre.

Il est de plus en plus observé des dégâts de mulots dans les vergers, qui consomment les racines des arbres, pouvant entraîner leur mort. Les brebis déstabilisent l’environnement de ces rongeurs lors de leurs passages, via les secousses et en détruisant leurs galeries.

Les brebis vont pâturer au pied des arbres, ce qui permet de garder des lignes propres sans utiliser d’herbicide. Le pâturage total du verger permet de faciliter la récolte des pommes grâce à une herbe rase. De plus, elles vont manger les pommes tombées précocement, ce qui a l’avantage dans des variétés tardives, d’avoir moins voir plus de pommes pourries lors de la récolte.

3) Peut on croiser les moutons Shropshire avec d'autres races rustiques pour entretenir mes vergers ou mes sapins ?

Les brebis les plus adaptées dans les plantations de sapin sont les brebis élevées pour la viande. Les premières expériences au Danemark ont été menées avec des Leicester, puis plus tard, des Shropshires, des Dorsets, des Suffolks et des Ofords Downs. En France, des tests avec du Charollais, du Charmois et du Bleu de Maine ont été réalisés.

En pratique, le mouton Shropshire a prouvé de façon unanime être la race la plus fiable pour un pâturage dans les plantations de conifères. Placés dans des plantations de sapins de Noël enherbées avec un mélange particulier pour éviter la concurrence avec les arbres mais également satisfaisant pour l’alimentation des animaux, les moutons Shropshire ne touchent pas les arbres. Les animaux doivent plusieurs fois par an être traités avec un vermifuge approprié. Un mélange d’oligo-éléments doit être disponible librement.

Leur taille ne change pas grand-chose bien que les Britanniques, plutôt que les Danoises, qui sont plus petites, ont une meilleure mobilité et un meilleur comportement. Cela se voit d’ailleurs grâce à des croisements entre les souches anglaises et danoises, maintenant utilisées au Danemark. Il y a eu des discussions pour savoir si les brebis devaient avoir de la laine sur la tête ou pas : la Shropshire utilisée initialement au Danemark dans les plantations avait de la laine sur la tête. Cependant, l’expérience a montré que les brebis sans laine sur la tête fonctionnent mieux : elles sont moins nerveuses, plus mobiles et plus faciles à guider dans les arbres.

Il est donc indispensable de rester en race pure pour éviter au maximum le risque d'attaque sur les arbres. C'est un fondement de notre association. C'est ainsi que nous nous sommes alliés avec GEODE qui nous permettra dans le futur d'établir un schéma de sélection.

L’attention portée à l’élevage est primordiale, avec pour objectif d’avoir un troupeau qui ne mange pas les arbres. Pour les utiliser dans les plantations, il ne faut pas seulement produire de bons agneaux pour le boucher. Leur comportement dans les plantations est aussi important.

Quand on choisit ses Shropshire pour pâturer des plantations, il faut se rappeler que :

  • La qualité d’une brebis dans les plantations se voit à son aptitude à rester loin des arbres
  • Même le meilleur élevage ne peut pas garantir que les brebis ne s’attaqueront pas aux bourgeons
  • Une très bonne brebis pour les plantations peut être rendue inutilisable si son éleveur ne prend pas le temps de se familiariser avec elle ou avec les techniques nécessaires à l’élevage

4) Les brebis shropshire agnellent-elles facilement ?

Les Shropshire ont une bonne conformation, sont robustes, vivent longtemps et peuvent mettre bas début décembre. Les brebis sont d’excellentes mères, ont beaucoup de lait, élèvent des jumeaux facilement et agnellent sans trop de difficultés depuis de très nombreuses années. Elles sont dociles et vigoureuses. Les brebis sont prolifiques avec un taux moyen de 140-150 %. A la naissance, les agneaux sont déjà forts et actifs, il est donc important de ne pas trop suralimenter les brebis lors du dernier mois, car dans le cas contraire il faut aider les mères pour l'agnelage.

5) Peut-on utiliser les moutons shropshire en plein air permanent ?

La Shropshire est une race rustique, elle peut être élevée en plein air permanent, mais cela entraîne de prendre certaines précautions à savoir :

  • Leur aménager un abri pour qu'elles puissent s'abriter lors de fortes intempéries.
  • Faire attention à l'agnelage car s'il fait très froid, les agneaux peuvent mourir avant d'avoir pu prendre leur première tétée.
  • Cela peut paraître contradictoire mais un élevage en plein air permanent demande plus de travail et de présence qu'un système plus traditionnel pâturage et bergerie.

6) Mes brebis attaquent subitement l'écorce des mes plantations, que se passe t'il ?

Plusieurs possibilités pour expliquer ce phénomène :

  1. la "brebis galeuse": Il est important d’observer le troupeau car il peut y avoir des individus qui pourraient s’intéresser aux arbres. Quand on sélectionne la végétation, les jeunes brebis sont influencées par les animaux dominants du troupeau. Un seul individu qui commence à manger les arbres peut gâcher tout le projet si cet animal a un haut statut social. Il faut retirer cette « brebis galeuse » le plus tôt possible. Les agneaux sont également influencés par les habitudes alimentaires de leur mère.
  2. Une carence : Il s'agit là du cas le plus fréquent, en effet, si la brebis a une carence en oligo-éléments, elle peut alors attaquer les arbres pour essayer de corriger par elle-même sa carence. Il est alors judicieux de faire soit une analyse de laine ou un profil métabolique pour identifier la carence et ensuite pouvoir la corriger. Cependant, votre première réaction doit être de sortir les brebis des plantations pour pouvoir résoudre le problème.
  3. Agneaux et agnelles : On constate parfois que les jeunes de l'année mordillent les branches pour se faire les dents.

7) Quels sont les mauvaises herbes que les brebis shropshire ne maîtrisent pas ?

Vos brebis ne vont pas manger les orties, les chardons et les ronces.

Concernant les orties, une solution mise au point par un de nos membres et qui fonctionne est de les couper et les laisser sur place. Une fois sèche, les brebis se jettent dessus.

Concernant les ronces, s'il s'agit de jeunes pousses, elles les mangeront en partie mais pour des ronces bien installées, il faudra appliquer une autre méthode de destruction.

Les brebis ne peuvent pas digérer de manière efficace toutes les plantes équitablement. La digestibilité est le facteur le plus important quand on évalue la valeur nutritive de la végétation. Les brebis préfèrent le plus souvent des plants jeunes et des feuilles, plutôt que les tiges (c'est pour cela qu'il est préférable de pratiquer le pâturage tournant).

Le choix de la végétation dépend de son expérience avec les brebis. L’éleveur peut essayer d’influencer les préférences en introduisant les agneaux dans la végétation qu’il va côtoyer plus tard. Les animaux apprennent également les uns des autres. C’est surement vrai quand on parle des dommages aux arbres, mais les brebis peuvent également apprendre des autres à manger les plantes les moins digestibles.

8) Les 10 règles d'or pour utiliser la brebis Shropshire dans les sapins de noël et éviter les déboires

  1. PAS DE BELIERS. Il ne faut jamais permettre à vos béliers d’aller dans les plantations. Ils vont marquer leur territoire avec leurs têtes, habituellement en ruinant les plus gros et les meilleurs arbres.
  2. Conserver un bélier tout seul n’est pas très bon. En avoir 2 peut résulter à des duels sans fin. 3 est un bon nombre.
  3. Quand vos arbres commencent à débourrer, tondez vos brebis et gardez un œil pour voir si elles ne s’attaquent pas aux arbres.
  4. Au moment du sevrage, gardez vos brebis loin de vos arbres pendant une petite dizaine de jours pour qu’elles se réinstallent dans une routine.
  5. Assurez-vous toujours qu’il y ait assez d’herbe tout au long de l’été pour conserver vos brebis en bonne santé et qu’elles continuent à pâturer « tête en bas » pendant qu’elles sont dans vos arbres. Il est utile d’avoir un enclos séparé mais proche des plantations pour les y transférer quand l’herbe se fait plus rare. Un bon ratio est d’environ 6 brebis à l’hectare dans des plantations inférieures à 1.50 m. Dans des arbres plus grands, il y a moins d’herbe disponible et le nombre de brebis doit être diminué. J’ai maintenant 20 brebis et seulement 2 ha d’arbres. Je préfère faire pâturer les brebis pendant de courtes périodes et je les retire dés que l’herbe est trop basse.
  6. J’ai toujours un bloc de minéraux à proximité de l’eau. J’utilise un bloc riche en magnésium quand je mets les brebis dans de l’herbe fraîche et un bloc classique aux autres moments. Sans une complémentation en minéraux, vos brebis vont combler leurs besoins en mangeant vos arbres.
  7. Certains producteurs conseillent de laisser des feuillus et des arbrisseaux disponibles.
  8. Les attaques de myiases sont un problème majeur dans les arbres, particulièrement quand les arbres grandissent et donnent plus d’ombre. Essayez de résister à la tentation de planter tous les mètres et permettez ainsi de mieux ventiler les zones où vont rester les brebis pendant les jours d’été. Notre plantation dispose de larges allées enherbées, idéales pour lutter contre ce problème.
  9. Les agneaux mâles ne doivent plus pâturer dans les arbres après début Juillet. Les mâles castrés ne doivent pas poser de problèmes, même ceux qui ont plus d’un an.
  10. Après la fin septembre, vos arbres commencent à devenir dormants avec moins de sève dans le feuillage. Je trouve qu’après 5 ou 6 semaines de coupure pour la mise en lutte, je peux facilement garder mes brebis dans les arbres tout au long de l’hiver, même quand on les nourrit avec du foin et des concentrés et elles n’embêtent pas mes arbres. En fonction de la sévérité de l’hiver, je conserve mes brebis dans les arbres jusqu’à 3 semaines avant la mise bas.